Jacques Lusseyran, né en 1924, perd l'usage de ses yeux à l'âge de 8 ans. Membre de la Résistance, il est arrêté en 1943 et déporté à Buchenwald. Libéré après un an et demi, il écrit et enseigne la littérature aux Etats-Unis. Il meurt à 47 ans dans un accident de voiture.
Le personnage est fascinant, attachant, charismatique. Il a toujours perçu sa cécité comme une force et pas comme un handicap. On est fasciné par l'amour de la vie jusqu’au bout, envers et contre tout, malgré tout ce qu’il a vécu. C’est aussi un livre sur quelqu’un qui a su faire de son handicap une force, et le transcender.
Dès le départ, alors qu’il n’est qu’un enfant, il ne s’apitoie pas sur son sort, il fait face. Il explique qu’il a trouvé sa propre lumière intérieure. J'aime ces hommes qui se dressent contre l'ordre établi.
Très bien écrit : le style de Garcin est littéraire, travaillé (on pourrait lui faire le reproche d’être un peu ampoulé et emphatique par moments) mais fluide en même temps. J’ai aimé le fait qu’il ne cherche pas à dresser une hagiographie de Lusseyran. Il en fait un portrait qui semble « honnête » (pas objectif car Jérôme Garcin ne cache pas son admiration pour le personnage), celui d’un homme, avec ses immenses qualités (intelligence, maturité) mais également ses zones d’ombre (homme à femmes, multipliant les conquêtes et les mariages, ses relations plus que distendues avec ses enfants, ou encore ses relations avec Saint Bonnet, sorte de gourou dont on se demande comment il a pu succomber à ses pseudos messages philosophico spirituels).
Il réhabilite et sort de l’anonymat cet homme très rapidement tombé dans l’oubli, y compris pour ses contemporains. Pour l’anecdote pour annoncer sa mort un journal a simplement annoncé qu’un « hawaien de passage en France » (Lusseyran habitait alors à Hawai) était décédé dans un accident de la route.
